Depuis toujours Sud Education agit au quotidien, et avec les personnels, pour améliorer les conditions de travail et dénoncer leur dégradation permanente.
SUD Education a pris très tôt des orientations fortes en matière de santé et sécurité au travail. Elle s’y engage dès son congrès de 2012 alors que les CHSCT ne sont mis en place qu’en 2011 dans la fonction publique : dénonciation des effets néfastes pour la santé de l’organisation du travail, revendications pour obtenir une véritable médecine de prévention, usage du droit d’alerte et de retrait face aux dangers graves et imminents, mise en avant du registre RSST
La réforme de la fonction publique transforme les instances : les Comités Sociaux d’Administration remplacent les comités techniques, et les Formations Spécialisée remplacent les CHSCT.
Pour que SUD Education puisse continuer son combat pour l’amélioration des conditions de travail au côté des personnels, il est primordial que nous soyons présent·e·s dans le maximum de ces instances.
Voter pour SUD Education à tous les CSA, c’est faire entrer un syndicat combatif au service des personnels, dans les formations spécialisée (ex-CHSCT) !
Pour en savoir plus sur nos prises de position et revendications, voici nos publications de ces derniers mois en matière de santé et sécurité au travail :
L'hémoragie dans l'Education nationale
Des démissions massives...
En 2020-2021, on compte plus de 1648 démissions : un chiffre qui a explosé et ne cesse de croître depuis 2008. De plus, l'administration n'a accordé que 296 ruptures conventionnelles pour 4 fois plus de demandes.
Ce sont les professeur·es stagiaires et les titulaires de moins de 5 ans qui démissionnent le plus : premières victimes d'une formation initiale dégradée par les réformes successives. En effet, les désillusions sont grandes entre les attentes d'un métier porteur de sens, la réalité du travail et le peu de reconnaissance obtenue.
En conséquence, un quart des enseignant·es se demandent s’ils et elles n’auraient pas mieux fait de choisir un autre métier. Et encore, ces enquêtes - rarement revendiquées par JM Blanquer - ne prennent pas en compte les effets des réformes récentes comme celle du lycée et les impacts multiples de deux années de protocoles sanitaires sur les conditions d'exercice. Enfin, ces études, insuffisantes en nombre et en portée, ne portent que sur les enseignant·es, masquant les expositions aux risques professionnels des autres catégories de personnels.
... liées à la dégradation des conditions de travail
Loin d’être privilégiés, les personnels de l'Éducation nationale ont des conditions de travail souvent plus dégradées que dans les autres secteurs d’activité. Ils et elles sont même particulièrement exposé·es aux Risques Psychosociaux (RPS) générés par une organisation du travail dangereuse pour la santé mentale, physique et sociale :
- Près de la moitié des enseignant·es n’ont pas de repos de 48 heures consécutives
- Plus d’un quart des enseignant·es ont travaillé plus de 40h la semaine passée.
- Les enseignant·es emportent 7 fois plus de travail à domicile que dans les autres secteurs
- Les enseignant·es sont plus nombreux.ses que les autres cadres et professions intermédiaires à déclarer être joint·es en dehors de leurs horaires de travail pour des questions relatives à celui-ci, notamment depuis la Covid19.
- 2 enseignant·es sur 5 déclarent/estiment ne pas avoir les moyens matériels adaptés et suffisants pour effectuer correctement leur travail (2 fois plus que dans les autres secteurs).
(source : Enquête DARES-SUMER 2017)
En s'appuyant sur ces enquêtes, la Cour des comptes souligne aussi l'impact du manque de soutien hiérarchique et l'isolement des enseignant·es face à la montée d’agressions verbales ou physiques, dont les effets sur la santé, comme l'épuisement professionnel ou les troubles musculo-squelettiques, peuvent être désastreux. Plus de 66% des enseignant·es déclarent ainsi des contraintes posturales et articulaires et près de 50% une exposition au bruit.
Enfin, la situation pandémique n'a fait que rendre visible une exposition très forte aux agents biologiques. Déjà plus sujets que les autres agents publics à certaines maladies transmissibles (grippe, gastro-entérite) et si les études sur le sujet manquent encore, les enseignant·es et les autres personnels en contact avec les élèves ont particulièrement été exposés au Covid-19 du fait de l'insuffisance des protocoles et moyens de protection collectifs et individuels mis en œuvre. L'incohérence et la multiplicité des protocoles ont par ailleurs généré par eux même des risques psychosociaux dont les effets sur la santé se matérialisent par l'épuisement constaté au sein des équipes.
Face à l'alourdissement continu de la charge de travail et la multiplication des tâches, les agent·es portent de plus en plus la responsabilité de l'organisation du travail sans les moyens pour y parvenir : 60% des enseignant·es déclarent ainsi être allé·es au travail malades contre 43 % pour les autres cadres et professions intermédiaires (note d'information de la DEPP 21.18). Évidemment, il s'agit d'une conséquence directe de la disparition progressive des remplacements et de la culpabilisation ressentie à devoir quitter son poste.
Dans ces conditions, comment s'étonner que moins de 2 enseignant·es sur 5 pensent pouvoir exercer leur métier jusqu'à la retraite ?
Agir pour ne plus subir
C'est l'obligation légale de l'employeur d'assurer notre santé et notre sécurité au travail (articles L4121-1 du Code du travail) ! Il doit aussi évaluer, réduire ces risques et mettre en œuvre une organisation du travail adaptée (articles L4121-2 et suivants du Code du travail).
SUD Éducation revendique :
- Le recrutement massif et la titularisation de l'ensemble des personnels contractuels
- La diminution des effectifs dans les classes: 20 en milieu ordinaire, 16 en REP et REP+ et 12 en milieu spécialisé
- Permettre à un maximum de personnels stagiaires et contractuels d’être titularisé·es puis d'être accompagné·es avec une formation par les pairs tout au long de leur carrière
- La création d'instances de proximité permettant une réelle capacité de décision des équipes sur leurs conditions de travail
- Le recrutement massif de médecins du travail et de personnels de prévention pour permettre une réelle prévention et un suivi de la santé au travail pour tous les personnels
Santé sécurité au travail : l'Etat casse les thermomètre
Quels moyens pour protéger notre santé au travail ?
Des moyens pour la médecine du travail !
Présenté le 3 décembre 2021, le rapport d’activité sur la médecine du travail du MEN indique qu’en 2020, 31 231 visites seulement ont été réalisées pour plus de 1 160 000 personnels de l'Éducation Nationale. 82 médecins étaient en poste pour un équivalent de 70 temps pleins. Ce sont les seuls professionnels à pouvoir préconiser à l'employeur les mesures à prendre pour protéger les personnels. Les 25 infirmier.e.s et 18 psychologues du travail qui sont en poste ne pallient pas le manque de médecins.
Selon la Cour des comptes, le ratio actuel est de 1 médecin pour environ 16 000 agent·es. Pendant longtemps, le ratio préconisé était de 1 médecin pour 2 500 agent·es. C'est la plus faible couverture en médecine du travail, secteur public et privé confondus. Et les inégalités territoriales sont importantes.
Pour que la médecine du travail mène à bien ses missions, il faudrait recruter 400 médecins à temps plein. Il manque 85% des effectifs. L'enjeu est de taille : c'est la médecine du travail qui seule peut recevoir les personnels pour des visites médicales, suivre leur état de santé au regard des expositions aux divers risques matériels, aux polluants chimiques et environnementaux, et aux risques psychosociaux. Elles et eux seul-e-s peuvent aussi décider d'aménagements de poste, et mettre en œuvre les adaptations pour les personnels en situation de handicap. Pour rappel, tout personnel peut demander le bénéfice d'une visite médicale du travail (article 24-2 du décret 82-453 du 28 mai 1982). L'employeur ne respecte pas ses obligations en la matière. C'est pourquoi SUD éducation a déjà obtenu la condamnation des rectorats aux tribunaux administratifs de Nantes et Créteil le contraignant à permettre aux personnels concernés d’avoir accès à une visite médicale ou le forcer à recruter un médecin du travail.
SUD éducation revendique :
- la formation et le recrutement de médecins du travail à hauteur des besoins,
- le bénéfice de la visite médicale annuelle pour l'ensemble des personnels afin de tracer nos expositions aux risques professionnels et bénéficier des adaptations de postes le cas échéant,
- L'octroi effectif d'allègements de service chaque fois que préconisé par le·la médecin du travail.
Accident du travail et maladies professionnelles : le déni, ça suffit !
Chaque fois qu'un accident ou une maladie surviennent en lien avec le travail, nous sommes fondée·s à en demander la reconnaissance en accident du travail (dit accident de service dans la fonction publique) ou en maladie professionnelle. Sans oublier les accidents de trajets. Les enjeux sont individuels : l'agent·e bénéficie de la prise en charge des frais de santé. Ils sont aussi collectifs : c'est l'employeur qui paye le salaire pendant les congés et non les cotisations des agent·es (sécurité sociale et mutuelle). C'est une contrainte financière à même de l'enjoindre à modifier l'organisation du travail pour protéger les agent·e·s de situations similaires. Si en droit, la reconnaissance est supposée acquise, l'employeur s'y oppose abusivement, en particulier lorsqu'il s'agit d'atteintes psychosociales. C'est un mépris de la situation de nombre de personnels et de la réglementation. L'employeur a aussi l'obligation d'informer les personnels de cette possibilité de reconnaissance. Par ignorance de leurs droits, peu de personnels déclarent accidents et maladies. La sous-déclaration est énorme. Selon le CHSCT ministériel, le nombre d'accidents de travail déclarés dans l'éducation nationale est 300 fois moins élevé (1) que dans l'ensemble du secteur privé ! La volonté de l'employeur d'invisibiliser les accidents et maladies professionnelles est manifeste. Chaque refus de reconnaissance de l'origine professionnelle d'un accident ou maladie est un déni inacceptable des droits élémentaires des personnels.
(1) Sources : Bilan social éducation nationale 2019-2020 et chiffres issus de la sécurité sociale (Ameli.fr), Education nationale : 150 accidents du travail dans l'éducation nationale / 1.300.000 personnels = 0,11 pour 1000. Secteur privé : 33 pour 1000, source Ameli.fr.
SUD éducation revendique :
- la reconnaissance immédiate de l'accident de travail (ou sur le trajet) dès lors qu'il se produit par le fait ou à l'occasion du travail,
- la reconnaissance des accidents de travail et maladies professionnelles liées aux risques psycho-sociaux
- la reconnaissance d'accidents du travail et de maladies professionnelles par une commission indépendante.
- l'information du médecin du travail de toute demande de reconnaissance d'accident de service.
Il faut évaluer les risques professionnels !
Depuis 2001, le Document Unique d’Évaluation des Risques professionnels (DUERP) doit être réalisé et mis à jour tous les ans par chaque chef·fe d'établissement du second degré ou par le.la DASEN pour chaque école et établissement du second degré. Ce n'est pas du ressort des personnels chargés de la direction d'école. En 2018, 28 % des collèges et des lycées, 34 % des écoles et 70 % des services académiques n’en disposaient toujours pas (source : Rapport de la Cour des comptes 2021).
Le DUERP répertorie les risques professionnels auxquels sont exposé·es les agent·es. L’identification et le classement de ces risques devrait déboucher sur un plan annuel de prévention. C'est un outil indispensable pour prévenir les différentes atteintes et protéger ainsi les personnels. Dans l'Éducation nationale, ce sont des coquilles vides reproduisant les modèles académiques sans prise en compte du terrain et de la diversité des risques présents. Ils ne sont jamais accompagnés de mesures de prévention adéquates. Ce devrait être des outils faciles d'accès pour les personnels.
SUD éducation revendique :
- que l'employeur évalue l'ensemble des risques, y compris environnementaux et psycho-sociaux, et élabore les DUERP de chaque école et établissement. C'est sa responsabilité, et non celle des directeur·trices d'école.
- du temps de concertation sur temps de travail pour que les équipes puissent contribuer à l'état des lieux, après quoi l'employeur et les préventeur·ice·s définiront les actions et moyens.
- la mise à jour régulière des DUERP et leur communication à l'ensemble des personnels.
Pour une inspection santé et sécurité au travail indépendante !
Surtout, les ISST ont uniquement une fonction d’expertise, de conseil et de proposition. L’État s'est bien gardé de leur attribuer un pouvoir de sanction sur ses carences. Ils n’ont pas la possibilité de dresser des procès-verbaux, de rédiger des mises en demeure, d’effectuer des arrêts de travail et des décisions d’arrêts temporaires d’activités suite à des situations dangereuses. Ils ne peuvent ainsi contraindre les chefs de service à mettre en œuvre les préconisations qu'ils pourraient formuler.
Enfin, leur effectif est notoirement insuffisant. Le ministère se contente d'un ISST par Académie. Comment contrôler et veiller efficacement à l'application de la législation dans un périmètre comptant plusieurs centaines d'établissements et parfois plusieurs dizaines de milliers de personnel et ce sans moyen coercitif ? Face aux nombreuses entraves à l'application des règles prévention et de protection des conditions de travail par les chefs de services et d'établissement dans l’Éducation Nationale, ces ISST sont donc pieds et poings liés.
SUD éducation revendique :
- la fusion des ISST dans le corps de l'inspection du travail
- le recrutement massif d'inspectrices et inspecteurs du travail pour contrôler et sanctionner les manquements
- l'application des règles relatives à la protection de la santé et de la sécurité des agent·es de l'Éducation nationale.
Des instances entravées par l'employeur
Le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) constitue un levier puissant pour contraindre l'employeur à améliorer l'hygiène et la sécurité du travail. Si dans le secteur privé, une instance est créé dès qu'une unité de travail compte 50 salariés, les CHSCT académiques et départementaux ont en charge plusieurs dizaines de milliers de personnels. Les représentants de l'employeur méconnaissent les textes et bloquent régulièrement le fonctionnement de l'instance. Les alertes pour danger grave et imminent sont fréquemment contestées. Les remontées des fiches RSST et des déclarations d'accidents de service sont partielles ou tardives... Autant d'entraves à son fonctionnement que l'employeur multiplie, et contrairement aux employeurs privés, l'Etat s'appuie sur un droit public ne faisant toujours pas de l'entrave un délit. Dans la majorité des cas, ces CHSCT ont ainsi été réduits par l'employeur à des chambres d'enregistrement alors qu'ils devraient être un espace de conflictualité avec l'employeur sur les actions à engager pour l'amélioration des conditions de travail et la protection de toutes et tous.
Enfin, les prérogatives des CHSCT sont menacées par leur remplacement par de simples commissions santé sécurité et conditions de travail (CSSCT) dépendantes des nouveaux comités sociaux d'administration (CSA). Cette instance combinant les missions du comité technique et du CHSCT sera encore plus éloignée du terrain et déconnectée des préoccupations des personnels sur leurs conditions de travail.
SUD éducation revendique :
- le maintien des CHSCT comme instance représentative en charge des conditions de travail,
- la création d'un CHSCT dans chaque école et établissement,
- la création d'un délit d'entrave pour sanctionner les non-réponses de l'employeur,
- l'intervention de l'inspection du travail dans l’Éducation nationale en toute indépendance.
Amiante : chronique d'une catastrophe annoncée
Le ministère a l’obligation légale de protéger les élèves et les personnels. Selon une circulaire Fonction Publique du 28 juillet 2015, le ministère ne peut pas rejeter sa responsabilité sur les collectivités territoriales propriétaires des bâtiments et responsables de la réalisation des documents. Sa responsabilité est pleine et entière, aggravée par l’absence d’un véritable service de médecine de prévention. Son immobilisme est criminel.
Un collectif coordonné par l’association « Urgence amiante école », avec SUD éducation, des associations de victimes et la FCPE avait adressé une lettre ouverte au Ministre le 29 novembre 2019. Mais face à ce scandale sanitaire, le ministre reste silencieux et inactif. Le ministère a même supprimé l’ONS à l’origine de cette étude incomplète pour le remplacer par une cellule du bâti scolaire inféodée à son administration.
Amiante, de la maternelle à l'université : toutes et tous concerné.es
En 2016, 85% des écoles et établissements scolaires ont été construits avant 1997, date de l'interdiction de l'amiante en France et sont donc concernés par ce risque.
Premier problème : dans près d'un tiers des établissements les Dossiers Techniques Amiante (DTA), pourtant obligatoires, ne sont pas présents. Parmi les 70 % des écoles et établissements où ce dossier existe, 40% n'étaient pas actualisés depuis 2013. De plus, nous n'avons pas de recul sur les modes de réalisation de ces dossiers.
Deuxième problème : dans ces écoles et établissements, 80% de lycées professionnels, 77% des lycées généraux et technologiques, 73 % des collèges et 38 % des écoles contiennent toujours de l'amiante.
Troisième problème : les travaux de désamiantage ne sont pas faits. Pire encore, quand d'autres travaux sont effectués, il n'y aucune prise en compte de l'amiante alors même que les travaux la rende volatile et exposent personnels et élèves. Or, souvent, les Repérages Avant Travaux pourtant eux aussi obligatoires, ne sont pas effectués ou sont parcellaires. Là encore, lorsqu'ils sont présents, nous n'avons aucune assurance qu'ils soient réalisés par un organisme compétent.
Quand Sud éducation s'en mêle... les chef.fes piétiennent la loi !
Les responsables académiques tout comme le ministre sont dans le déni et refusent de prendre au sérieux le problème de l'amiante. Preuve en est, en Seine-Saint-Denis, le syndicat SUD éducation 93 a tenté, en vain, de mettre au premier plan le risque d'exposition à l'amiante au collège Lenain de Tillemont en signalant dès le début des opérations de désamiantage du collège, puis en déposant un droit d'alerte CHSCT en octobre. Le Directeur Académique de Seine-Saint-Denis a refusé que le syndicat mène son enquête. L'accès à l'établissement a été refusé, les documents obligatoires n'ont pas été transmis, le chantier n'a pas pu être visité et les personnels n'ont pas pu être entendus. SUD éducation 93 n'a donc pas pu vérifier les conclusions de l'administration.
De plus, les moyens manquent : il n'y a plus de médecin du travail dans l'éducation en Seine-Saint-Denis et il n'y a même plus d'inspecteur·trice du travail dans le secteur géographique du collège concerné! Le pire, c'est que d'autres travaux de rénovation lourde sont prévus dans nombre d'établissements du 93 et que rien ne change ! Plus largement, la plupart du temps l'amiante n'est pas prise en compte lorsque des travaux sont engagés, en contradiction avec la loi. SUD éducation invite les personnels à exercer leur droit d'alerte dès que nécessaire et à se mettre en droit de retrait si le danger grave et imminent demeure.
Face au risque amiante, sud éducation revendique :
- le retrait pur et simple de tout matériau amianté
- le respect de la réglementation pour protéger les élèves, étudiant·es et les personnels sans délai
- la mise sous abri des élèves, étudiant·es, personnels dans des locaux provisoires de qualité, à l'écart des travaux
- la mise à disposition des documents prévus par la loi aux usagers et usagères, aux personnels et aux organisations syndicales
- le suivi médical pour l’ensemble des élèves, étudiant·es et personnels exposé·es
- la formation effective au risque amiante de tous les personnels
Pour une véritable prévention des suicides dans l'éducation national !
Il y a trois ans, notre collègue Christine Renon se suicidait sur son lieu de travail, mettant en cause par son acte et dans une lettre, adressée à sa hiérarchie, ses conditions de travail et la souffrance qu’engendrait la démultiplication des tâches.
En cette fin septembre, nous n’oublions pas le décès de Christine Renon. Le 30 septembre, le procès Lombard-France Télécom s'achèvera par son verdict en appel. Au cœur de ces deux drames, la question du travail et de ses conséquences dramatiques sur la vie des salarié·es.
Quand France Telecom fait école
Au début des années 2000, avec la privatisation de France Télécom, des changements drastiques transforment un service public en une entreprise libérale. Les plans NEXT et ACT organisent l'"écrémage" des effectifs : 22 000 fonctionnaires doivent partir en 3 ans, "par la porte ou par la fenêtre" selon le PDG de l'époque Didier Lombard. S'en est suivi une vague de suicides sans précédent au sein de France Télécom. L'action syndicale, menée par SUD PTT notamment, a mis en lumière de la catastrophe humaine en cours. Le premier procès en 2019 a permis la condamnation des ex-dirigeants et responsables et l'introduction d'un nouveau concept juridique : le harcèlement moral institutionnel. Le verdict du procès en appel, tenu entre mai et juillet 2022, tombera le 30 septembre.
Les suicides ont été malheureusement nombreux à France Télécom. C’est leur mise en visibilité par l’action syndicale qui a permis de mettre un coup d’arrêt au pire.
Dans l’Éducation nationale et l'enseignement supérieur et la recherche, les suicides existent aussi, comme celui de Christine Renon, mais très peu sont médiatisés. Cet évènement tragique prouvait il y a trois ans, une fois de plus, que les conditions de travail dans l'éducation nationale sont une source de souffrance. Une source de souffrance à laquelle non seulement l'administration n'apporte pas de solution mais en plus qu'elle aggrave avec ses réformes pathogènes successives.
Contraint par ce drame à rendre public l'existence de 58 suicides en 2018-2019, bilan probablement minimisé, le ministère n'a plus communiqué ces données depuis. Il sera dans l'obligation légale de le faire aux instances représentatives dès 2023. De plus, ce dernier refuse de systématiser les enquêtes établissant le lien entre conditions de travail et suicide. Pourquoi cette volonté d'invisibiliser les drames ? Si une personne en vient à se suicider sur son lieu de travail, comment peut-on faire l'autruche et refuser d'y constater un mal-être global face aux nombreuses alertes déjà apportés par les personnels de l'éducation ces dernières années ?
La souffrance est toujours présente et de nouveaux suicides ou tentatives de suicides se poursuivent.
Les idées suicidaires demeurent complètement négligées alors que selon le baromètre 2017 de Santé Publique France, l'enseignement est l'un des secteurs d'activité professionnelle les plus touchés et que la France présente l'un des taux de suicide les plus élevé d'Europe.
Le 7 mars 2021, un professeur des écoles tente de mettre fin à ses jours dans sa classe en avalant des médicaments dans l'Aisne. Le 10 septembre 2021 à Rennes,une tentative de suicide d'une agente de la DSDEN est également à déplorer. Le 11 mars 2022, une enseignante tente de se défenestrer dans son lycée à Blois. Le 12 avril 2022, une agente administrative se suicide, deuxième drame de ce type affectant la DSDEN d'Angers la même année. Régulièrement les enquêtes d'instance (CSHCT) pouvant établir un lien entre ces drames et le travail sont entravées ou interdites. Elles sont pourtant obligatoires selon la Loi. Il est évident qu'une seule personne qui en arrive à une telle extrémité n'est que la partie émergée de l'iceberg des souffrances au travail, et dénonce par la même un nombre bien plus important d'agents en détresse.
Questionner l’organisation du travail
Pour SUD éducation, chaque suicide est un drame humain duquel le travail ne peut être évacué. Souvent renvoyé par l'employeur et les médias à des «problèmes personnels», la tentative ou le suicide d'un·e collègue ne peut être déconnecté·e des questions du travail par le fait même qu'il occupe un espace important de nos vies.
Partout, les évolutions des organisations du travail sous l'influence de méthodes de management ont fortement développé l’implication totale des salarié·e·s pour accroître la productivité et réduire les coûts. Les plans de restructuration élaborés se traduisent par des réductions drastiques d’effectifs. Partout ces méthodes ont impliqué une détérioration des conditions de travail et de la santé des salarié·es
Dans l’Éducation nationale et l'ESR, ces méthodes de management ont conduit à atomiser les collectifs de travail et isoler les personnels, à réduire leurs marges de manœuvre et à les surcharger de tâches qui ne sont pas au cœur de leur métier. La dernière lettre de Macron au corps enseignant est symptomatique : il annonce plus d'autonomie locale. Traduisons : c'est "l'autonomie" néo-libérale dont il parle. Sous couvert de développer l'autonomie, l’initiative et la flexibilité, c'est toujours plus d'inégalités, d'individualisation, d'isolement et de surcharge de travail. C'est cette même "autonomie" qui a déjà détruit notre système de santé et provoqué les effets dévastateurs constatés à France Télécom !
Cette perte de sens et cette intensification du travail obligent les personnels à rendre des arbitrages quotidiens culpabilisants. Elles les exposent à des relations hiérarchiques pressantes et pathogènes. Laissés seuls responsables des dysfonctionnements du système, les personnels sont exposés à l'épuisement professionnel, à la souffrance psychique, aux décompensations provoquées par le surinvestissement… La souffrance au travail existe bel et bien, souterraine et culpabilisante. Elle est largement tue et peine à s’exprimer, même entre les murs des salles de pause.
Nous pouvons donc collectivement affirmer qu'il y a des liens de cause à effet entre les conditions de travail dégradées et le fait qu’une personne ne supporte plus sa vie. Par conséquent, il nous appartient au sein des collectifs de travail et par l'action syndicale de rechercher l’existence possible de ces liens. Cette hypothèse et les démarches pour la vérifier sont d’autant plus importantes qu’un suicide peut être révélateur d’une situation d'organisation du travail pathogène et de souffrance au travail globalisée dont l'employeur est l'unique responsable au regard de la Loi (article L4121-1 du code du travail).
La question des suicides, et surtout de leur reconnaissance comme accidents de travail, est un enjeu majeur pour stopper la machine à broyer (qui est en "marche"). Cela permet de montrer le lien entre travail et santé. Lors du procès France Télécom de 2019 Christophe Dejours, psychiatre du travail, a mis en lumière dans sa déposition cette problématique et "tordu le cou" à la nécessité de statistiques morbides. Citation. “Un suicide, un seul suicide sur les lieux du travail est tellement grave. Un suicide, à lui seul, signe à la vérité la déstructuration de tout le tissu humain du travail. Il ne constitue pas seulement un acte individuel. Il signifie que tout le milieu humain du travail environnant est fissuré, voire détruit. [...] Le grand nombre de suicides exigé par certains statisticiens pour affirmer le lien entre travail et suicide est une absurdité. [...] Un seul suicide mériterait qu’on arrête la production immédiatement pour s’attaquer à l’analyse et à la transformation de l’organisation du travail pour conjurer le risque d’une autre catastrophe du même genre.“
Face au déni et à l'invisibilisation toujours imposée par l'Éducation Nationale, l'Enseignement supérieur et la recherche, faut-il nous aussi décompter nos mort·e·s ? N’oublions pas que l’un des premiers chantiers de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées de France Télécom aura été de compter les mort·es afin d’objectiver et de rendre visibles les effets des politiques managériales menées.
SUD éducation revendique :
- la transparence sur les chiffres et leur communication régulière aux instances représentatives
- la mise en place systématique d'une enquête du CHSCT/CSA pour toute tentative ou suicide sur le lieu de travail ou à l'extérieur pour tout personnel de l'EN et de l'ESR
- la reconnaissance accélérée en accident de service des suicides et tentatives de suicide et l'accompagnement des familles dans cette démarche
- la formation et recrutement de médecins du travail à la hauteur des besoins pour permettre une réelle prévention
- une réelle analyse des risques professionnels pour l'ensemble des personnels de l'EN et de l'ESR préalable à la mise en place des mesures de prévention effectives comme l'exige la législation existante
Comment réagir :
Face à un·e collègue qui exprime des idées noires ou tente de se suicider :
• La première attitude est de protéger la ou le collègue en état de crise : l’entourer, le ou la réconforter, lui éviter de commettre des gestes qu’il ou elle pourrait regretter, notamment des violences et dans des cas extrêmes solliciter un accompagnement médical. C’est ce soutien immédiat, apporté par les collègues de proximité, qui s’avérera le plus précieux pour celle ou celui qui a « disjoncté ».
• Obtenir une réunion rapide et « à froid » entre le ou la responsable, l'agent·e et un·e représentant·e du personnel.
• Informer le médecin du travail.
• Déclarer l’incident en accident du travail (AT)/accident de service (AS). Le fait qu’il se soit produit sur le lieu de travail invite ensuite à considérer, jusqu’à preuve du contraire, qu’il est lié au travail. L’employeur peut contester le lien avec le travail, mais ne peut refuser la déclaration.
En cas de suicide ou de tentative de suicide, il faut briser le huis-clos et informer le plus rapidement possible l’équipe syndicale pour être conseillé·es. Il nous faut donc agir lucidement, de façon ferme et déterminée et ne pas laisser à la direction l’initiative des actions.
Dans un premier temps, le plus simple et le plus rapide est un appel téléphonique en précisant, la date, l’heure, le lieu du drame ainsi que l’établissement ou le service dans lequel travaille ou travaillait la·le collègue. Donner également ses propres coordonnées téléphoniques afin que les militant·e·s puissent reprendre contact pour des précisions. L’équipe syndicale s’attachera à recueillir tout élément de mal-être apparent, plaintes auprès des collègues. La concertation entre le collectif local et l'équipe syndicale doit permettre de provoquer l'enquête CHSCT/CSA visant à établir les liens entre le travail et l'acte.