Faits et méfaits d’une nouvelle internationale brune
L’extrême droite poursuit son ascension à travers le monde, confirmant les pires craintes. Aux États-Unis, Donald Trump assoit son pouvoir et confie à Elon Musk la tâche d’achever le démantèlement de l’administration publique, transformant l’appareil d’État en une vaste entreprise privée au service des intérêts des milliardaires. En Europe, l’Allemagne voit l’AfD gagner toujours plus de terrain, alimentant un climat délétère où les discours xénophobes et réactionnaires se banalisent. En Belgique, le Vlaams Belang continue de progresser, et ailleurs sur le continent, les partis ultraconservateurs prospèrent sur fond de crise sociale et de désespoir populaire. Partout, les valeurs démocratiques reculent sous les coups de boutoir d’une droite extrême qui n’a jamais été aussi menaçante.
La France qui n’échappe pas à cette montée réactionnaire, est particulièrement vulnérable à une prise de pouvoir des fascistes. Notre système politique, fondé sur une hyper-présidence et une concentration extrême des pouvoirs entre les mains d’une seule personne, rend toute dérive autoritaire d’autant plus dangereuse. Un exécutif quasi-monarchique, un Parlement affaibli, une Justice sous pression : tous les ingrédients sont réunis pour qu’un basculement soit rapide et brutal. L’histoire récente nous a montré que les institutions ne sont qu’un mince rempart face à une volonté autoritaire déterminée. Tandis que le pouvoir actuel, discrédité et méprisant, joue avec le feu en reprenant de l’extrême droite ses thématiques et en normalisant ses idées, celle-ci en joue et prépare la suite. La menace est bien réelle, et l’urgence de la combattre ne fait que croître.
Dans ce contexte, le rôle des médias est plus crucial que jamais. Pourtant, la majorité d’entre eux, détenus par une poignée de milliardaires, ne font qu’aggraver la situation. Ils façonnent l’opinion publique en favorisant des discours réactionnaires, en donnant une place disproportionnée aux figures d’extrême droite et en noyant les véritables enjeux sociaux sous un flot continu de polémiques stériles. Plutôt que d’informer, ces médias servent d’instruments de propagande aux puissants, contribuant à la montée des idées fascistes sous couvert de pluralisme. Tant que l’information restera aux mains de ceux qui ont tout intérêt à maintenir un système injuste et autoritaire, il sera impossible d’avoir un débat démocratique sain et éclairé.
La situation en Ukraine continue de susciter de vives inquiétudes. Si la guerre qui s’y déroule est souvent présentée comme un affrontement géopolitique entre blocs rivaux, on constate aujourd’hui une convergence d’intérêts troublante entre les États-Unis et la Russie sur le devenir du pays. Derrière les discours officiels, un accord tacite semble se dessiner, visant à morceler l’Ukraine en fonction des intérêts des grandes puissances et de leurs multinationales. L’abondance des terres rares sur le territoire ukrainien attise les convoitises, et ce sont les appétits économiques qui dictent désormais les négociations bien plus que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Face à ces manœuvres cyniques, il est essentiel de rappeler que la souveraineté de l’Ukraine ne peut être bradée sur l’autel des profits et que la solidarité internationale ne doit pas faiblir face aux logiques impérialistes et prédatrices.
La situation en Palestine atteint, elle aussi, un niveau alarmant. Alors que l’occupation et les violences s’intensifient, Donald Trump a récemment proposé un projet aussi cynique qu’inquiétant : la déportation totale des Gazaoui·es afin de transformer Gaza en une zone touristique sous contrôle américain. Ce plan, soutenu par des intérêts financiers colossaux, vise à éradiquer toute présence palestinienne de la région pour en faire un espace rentable au service des investisseurs et des multinationales. Une telle politique, qui s’apparente à un nettoyage ethnique à peine dissimulé, doit être dénoncée avec la plus grande fermeté. Plus que jamais, la solidarité avec le peuple palestinien est indispensable pour s’opposer à cette tentative d’effacement et exiger la reconnaissance de leurs droits fondamentaux.
Et pendant ce temps en France, le ministre de l’Intérieur est toujours prêt à verser dans le pire, et minimise les attaques fascistes. Le dimanche 16 février, lors de la diffusion d’un film en région parisienne, une trentaine de militant·es d’extrême droite ont fait irruption armé·es de couteaux lors de la projection d’un film antifasciste. Deux personnes assistant à la projection ont été blessées, dont une grièvement. Critiqué à l’Assemblée pour son absence de réaction, Bruno Retailleau, loin de condamner ces violences, a préféré renvoyer dos à dos cette agression fasciste avec des dégradations de mobiliers urbains qui auraient pu être commises par des mouvements d’extrême gauche. Voilà où nous en sommes rendu·es : la vie des personnes de notre camp vaut aujourd’hui moins qu’un abribus de province.
Dans l’éducation un combat contre la hiérarchie et le gouvernement, pour nos conditions de travail, pour une école et une université publiques et émancipatrices !
François Bayrou est pris dans un tourbillon de mensonges au sujet des agressions sexuelles dont il avait connaissance, commises dans l’institut catholique de Bétharram. Alors que les révélations s’accumulent et que les témoignages mettent en lumière une omerta organisée depuis des années, l’ancien ministre tente maladroitement de minimiser son rôle, invoquant l’ignorance ou l’impossibilité d’agir. Mais les faits sont là, accablants, et montrent une complicité silencieuse dans la protection des agresseurs. Notons qu’en permanence l’école publique est calomniée, alors que jamais une situation aussi immonde ne s’y est produite. Plus que jamais, il est temps de remettre dans le giron de l’Éducation nationale l’ensemble des écoles du pays. La fin des écoles privées est une nécessité.
En Normandie, comment ne pas parler des nombreux suicides et tentatives de suicides qui touchent nos collègues de l’académie. Les conditions de travail se dégradent, SUD éducation tire la sonnette d’alarme depuis de nombreuses années mais l’administration ne fait rien ! Pire encore, elle essaie en permanence d’empêcher les élu·es d’enquêter, que ce soit en amont pour étudier les conditions d’exercices ou après un incident pour en déterminer les causes. Nous ne baisserons pas les bras et nous serons force de proposition auprès de l’intersyndicale éducation pour que lumière soit faite sur ces situations accablantes et que tout soit mis en oeuvre pour que cela ne se reproduise plus.
Au collège Maupas de Vire, la situation devient de plus en plus intenable pour les collègues. Trois convocations ont déjà eu lieu, dont deux officiellement notifiées par courrier, mettant en cause la posture professionnelle et la gestion de classe des enseignant·es. Le principal, totalement déconnecté des réalités du terrain, adopte une posture autoritaire et exerce une
pression constante sur les équipes. Les collègues, notamment celleux muté·es du collège du Val de Vire fermé, souffrent d’un climat de travail délétère. Pourtant, malgré cette situation alarmante, la mobilisation peine à émerger. De nombreux signalements ont été faits dans le RSST, et une demande a été adressée à la DASEN pour une intervention. Lors de sa visite, cette dernière a adopté un ton visant à calmer le jeu, peut-être en raison du contexte régional marqué par des suicides dans le milieu éducatif. Il va falloir que l’administration écoute enfin les collègues, la situation n’a que trop duré !
Construire la riposte sur le terrain social !
La montée du fascisme n’est pas le fruit du hasard et ne doit pas être une fatalité ! La désindustrialisation, la désyndicalisation massive, la division raciste des tâches, l’immigration sélective, le recours permanent à la sous-traitance, la ghettoïsation des quartiers populaires, la destruction des services publics, la politique perpétuelle de l’austérité, etc : tous ces phénomènes forment un contexte de plus en plus favorable aux discours racistes et faussement méritocratiques diffusés par l’extrême droite.
La lutte sociale, syndicale, s’attaque aux causes premières de cette résistible ascension : contre le racisme, le sexisme, le libéralisme autoritaire ; pour les services publics, la dignité, la liberté. La lutte sociale, syndicale, c’est l’arme populaire pour créer l’alternative. Mais pour être efficace, elle doit être massive, elle doit se projeter elle-même toujours plus loin, et chacun·e doit prendre la responsabilité de la rejoindre pour la porter et être porté·e par elle.
Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, sera l’occasion d’une mobilisation forte à Caen. À 15h, un rassemblement est prévu place de Gaza en soutien aux femmes palestiniennes. À 16h, une diffusion de tracts aura lieu place Bouchard pour sensibiliser les passant·es et les usager·ères des commerces. Enfin, à 18h, une manifestation parcourra les rues de la ville, suivie d’une soirée de soutien au Planning Familial organisée au BTKC.
Le 21 mars prochain, Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, est une date importante de mobilisation contre le glissement raciste de la société et du champ politique, qu’accompagne l’extrême droite en l’empirant. Dans un monde où les discours de haine et les discriminations systémiques persistent, cette date ne doit pas rester symbolique. Elle doit être l’occasion de réaffirmer notre engagement pour une société plus juste et plus égalitaire. Face aux idéologies qui cherchent à diviser et à déshumaniser, nous devons opposer une solidarité sans faille et une mobilisation constante pour dénoncer et combattre toutes les formes de racisme, qu’elles soient institutionnelles, sociales ou politiques. Lutter contre les discriminations, c’est aussi refuser les logiques identitaires excluantes qui servent d’appui aux extrêmes droites et alimentent les inégalités.
En guise de conclusion nous vous proposerons deux éléments d’infos :
- De (re)lire : Reconnaitre le Fascisme d’Umberto ECO
- De regarder cette vidéo de BLAST qui a le mérite d’introduire avec clarté la situation actuelle : Comprendre comment le fascisme gagne les Etats-Unis et l'Europe